La chanteuse, danseuse et actrice française est morte le 4 juin 2025 à Paris.
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Communiqué du Palais de l’Elysée
« Dabadabada » : il lui suffisait de deux syllabes, de quelques notes, pour faire surgir une romance et réveiller dans les cœurs français toute la mélancolie d’une époque. Nicole Croisille, chanteuse, danseuse, comédienne, artiste aux mille facettes et au timbre mythique, s’est éteinte cette nuit, à l’âge de 88 ans.
Née le 9 octobre 1936, elle s’initia très tôt à la danse classique et au chant. D’adages en arpèges, elle rêvait sur les airs de Marlene Dietrich et Judy Garland, s’imaginait suivre les pas des danseurs que sa mère, pianiste, faisait répéter à l’Opéra de Paris. Son père voulait faire d’elle une sténodactylo ; elle préféra les tréteaux, intégrant dès dix-sept ans le Ballet de la Comédie-Française. On la vit briller en 1957 dans L’Apprenti fakir, éphémère comédie musicale de Jean Marais, puis, en 1958, dans la revue de Joséphine Baker. Sa palette d’actrice s’enrichit de l’enseignement du mime Marceau, dont elle suivit les tournées mondiales. Nicole Croisille passe des caves de Saint-Germain aux clubs de jazz de Chicago, sort son premier 45 tours adapté de Ray Charles en 1961, et mène trois ans plus tard un spectacle pour les Folies Bergères à Broadway.
Son retour en France marqua un tournant, celui de la collaboration avec Claude Lelouch et le compositeur Francis Lai. Un homme et une femme, sorti en salle en 1966, mit sur toutes les lèvres sa mélancolie entêtante : derrière le duo inoubliable formé à l’écran par Anouk Aimée et Jean-Louis Trintignant, les voix mêlées de Pierre Barouh et de Nicole Croisille projetèrent ce film au panthéon des cinéphiles.
Après le titre « I’ll Never Leave You », interprété sous le pseudo de Tuesday Jackson, l’artiste signa plusieurs tubes des années 1970 : « Parlez-moi de lui » (1973), « Une femme avec toi » (1975) et « Téléphone-moi » (1975), avec ce timbre chaleureux et cette langueur délicate qui la propulsèrent en haut de l’affiche de l’Olympia.
Les années 1980 apportèrent d’autres succès, d’autres collaborations avec Claude Lelouch, avec le thème du film Les Uns et les Autres (1981), ou le « Blues du businessman », tube de Starmania adapté et repris dans Itinéraire d’un enfant gâté (1988). Retour au jazz avec ses albums Jazzille (1987) et Black et Blanche (1990) ; retour aux planches aussi, avec d’innombrables rôles en France et au Québec, de la comédie musicale Hello, Dolly ! en 1992 à N’écoutez pas, Mesdames ! de Sacha Guitry en 2019.
Sa voix, où avaient passé toutes les inflexions humaines et tous les heurts de la vie, du blues du businessman aux bleus du cœur, s’était fondue à la rumeur de nos jours, et paraissait ne devoir jamais s’éteindre.
Le président de la République et son épouse saluent l’œuvre d’une artiste totale dont le chant rassemblera encore de nombreuses générations. Ils adressent leurs condoléances à sa fille ainsi qu’à ses proches.
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(c) Les Reporters du Net – 2025