Communiqué du Palais de l’Elysées :
” Baron de l’entrepreneuriat français, légendaire président d’AXA, l’homme d’affaires Claude Bébéar nous a quittés à 90 ans.
Né en Dordogne, brillant élève du lycée Gay-Lussac de Limoges, il fut reçu à l’École polytechnique, dont il sortit en 1955 pour entrer au groupe des Anciennes Mutuelles d’assurances, petite compagnie d’assurances implantée à Rouen dont personne alors ne pouvait prévoir le destin. Son diplôme d’actuariat en poche, il gravit chaque échelon du groupe, jusqu’à en prendre la tête vingt ans après y être entré.
Son accession à la présidence marqua l’entrée dans une nouvelle ère : les ordinateurs firent irruption dans les locaux, les méthodes se modernisèrent. Accessible, direct, humain, sa rigueur d’ingénieur adoucie par une pointe d’accent du Sud-Ouest, le nouveau président impulsait autour de lui le sens du travail d’équipe qu’il avait appris sur les terrains de rugby. Tout en maintenant un pilotage stratégique fort, il délégua plus de responsabilités aux entités locales.
Sous la houlette de ce stratège visionnaire, le groupe racheta Drouot, absorba l’Union des assurances de Paris, s’élargit à l’international et, de fusion en fusion, devint AXA, la première compagnie française d’assurances.
Au tournant des années 2000, il confia les rênes d’AXA à Henri de Castries et en devint le président d’honneur, pour davantage se concentrer sur ses engagements sociaux, en particulier la Fondation du mécénat humanitaire qu’il avait fondée en 1986.
L’idée était simple et inédite : intégrer le mécénat humanitaire et social dans les entreprises, au même titre que le mécénat culturel ou les partenariats sportifs. Dans les années 2000, à l’heure de la prise de conscience de la responsabilité sociale des entreprises, l’IMS se renomma IMS-Entreprendre pour la Cité et se consacra aux enjeux humains de la RSE.
Dans ce cadre, Claude Bébéar lança en 2005 une charte de la diversité, qui proposait à tout employeur un cadre d’engagement moral allant au-delà du minimum légal et juridique de la lutte contre les discriminations. Depuis vingt ans, des milliers d’entreprises françaises l’ont rejointe. Première charte de ce type au monde, elle impulsa un mouvement international, suscitant vingt-trois émules en Europe, qui se réunissent chaque trimestre avec la Commission européenne.
Surnommé parfois « le parrain du capitalisme français », Claude Bébéar présidait en effet souvent aux grandes destinées économiques de notre pays ; mais il méritait ce surnom à plusieurs titres, car il se pencha aussi sur de nombreux berceaux d’entreprises pour leur faire don de la conscience sociale. Pour promouvoir ses idées libérales, il créa avec Alain Mérieux et Henri Lachmann l’Institut Montaigne, qu’il présida, et fut membre du comité de soutien de l’Institut Turgot.
Le Président de la République et son épouse saluent le parcours d’un homme d’affaires de génie qui sut transformer une petite entreprise rouennaise en géant tricolore mondial, et d’un homme de cœur qui s’engagea dans la cité de toute son âme.
Ils adressent à sa famille et à ses proches leurs condoléances émues. ”
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