Le journaliste, homme de médias, présentateur audiovisuel, écrivain, réalisateur, scénariste, et parolier français, Philippe Labro a occupé plusieurs postes de direction à la radio RTL, et aussi à la télévision, il est décédé le 4 juin 2025 à Paris,
Souvenirs d’une rencontre
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Communiqué du Palais de l’Élysée.
Écrivain, romancier prolifique, grand reporter, cinéaste et parolier, Philippe Labro fut un homme d’art et de média, infatigable témoin de son époque et des ressorts de l’âme humaine.
« On reconnait un grand homme à sa capacité de sourire », avait-il lu chez Chateaubriand, et cette phrase l’avait marqué. Le sourire de Philippe Labro était un sourire gagné à la souffrance, aux tempêtes de l’histoire, aux tourments intérieurs.
Le Petit Garçon – titre du premier volume de ses autobiographies – traversa les années de guerre dans les allées ombragées d’une villa montalbanaise changée en théâtre de la Résistance, car des juifs y furent abrités par ses parents, Jean-François et Henriette Labro. De ces Justes parmi les Nations, il hérita une droiture morale inflexible, et une passion pour le récit de la marche du monde, qu’il soit clamé sur un poste radio ou imprimé à l’encre fraîche des crieurs de journaux. À quinze ans, le jeune Philippe remporta un concours parrainé par Le Figaro, qui lui valut de devenir rédacteur en chef du Journal des jeunes.
Épris de liberté, il s’embarqua à 17 ans pour les États-Unis, pays rêvé du cinéma et de la Libération. De son séjour en Virginie, à l’université de Lexington, il garda un souvenir ému, qu’il transmit dans L’Étudiant étranger. Mais plus vifs encore furent ses souvenirs d’aventure sur les routes du Colorado, qui inspirèrent Un été dans l’Ouest.
De retour en France, il rejoignit la rédaction d’Europe 1, puis celle de France-Soir, comme grand-reporter sous le parrainage de Pierre Lazareff. Là, il signa des chroniques de cinéma, de théâtre, de carnets mondains et d’art, où perçait déjà sa sensibilité de romancier.
Engagé en Algérie en 1960, il fut détaché comme journaliste militaire, et vécut les attentats de la Rue Michelet à Alger. De cette expérience, il garda l’amitié de Jacques Séguéla et quelques autres. Et tira le fil d’un de ses plus beaux romans : Des feux mal éteints.
En 1963, alors qu’il était sur la côte est, dans le campus de Yale, il entendit le coup de feu qui retentit dans tout le pays : l’assassinat du président Kennedy. Embarqué le jour même dans un vol pour Dallas, il fut le seul journaliste français présent sur place, et attira ainsi à lui la lumière d’une affaire qu’il raconta, exégète attentif, dans On a tiré sur le président.
Coproducteur de Caméra Trois, chroniqueur au Journal du dimanche et à Paris Match, rédacteur en chef à RTL, journaliste pour TF1 puis Antenne 2, il ne cessa dès lors de couvrir l’actualité. Devenu directeur des programmes de la première radio de France, il œuvra inlassablement à « saisir l’air du temps », au son du clairon RTL. Et anima de nombreuses émissions et chroniques : Blog Notes, Langue de bois s’abstenir, Mon RTL à moi, L’Humeur de Philippe Labro, L’Essentiel chez Labro, etc.
Deux fois pressenti pour le prix Goncourt – en 1988 et 1990 –, il recouvrait ses cahiers Moleskine d’une écriture serrée, partagée entre l’écume des jours et les élans du cœur, entre l’élégance de l’écrit et la verve du parlé.
Au début des années 1970, il écrivit plusieurs chansons pour Johnny Hallyday, Serge Gainsbourg et Jane Birkin qui restèrent chères au cœur des Français. Il fut aussi un homme de cinéma, jouant son propre personnage dans Made in USA, de Jean-Luc Godard, réalisant Tout peut arriver avec le jeune Fabrice Luchini, L’Héritier avec Jean-Paul Belmondo et six autres films.
En 1994, hospitalisé six semaines, il revint d’un coma qui le marqua à vif, et qui fut à l’origine de La Traversée, récit entre vie et mort d’une âme courageuse, à la croisée des monstres et des anges. De cette même veine, la dépression qu’il traversa de 1999 à 2001 forma la matière de Tomber sept fois, se relever huit : grand reportage de la mélancolie aux méandres du spleen.
En 2005, il lança avec Vincent Bolloré la chaîne Direct 8, nouvelle venue de la sphère médiatique, et y anima l’émission L’Essentiel chez Labro, qui rassembla son public fidèle jusqu’au dernier numéro de 25 février 2025. Ce sont cette allure indéfinissable, ce sourire énigmatique, ce regard perçant de ceux qui ont beaucoup vu, cette nuance d’âme de ceux qui ont beaucoup vécu, que les Français garderont en mémoire.
Le Président de la République et son épouse saluent le parcours d’un géant du verbe et des médias, doué d’une curiosité universelle et d’une finesse unique. Ils adressent leurs condoléances sincères à son épouse Françoise, à sa famille, et à tous ceux qui le lisaient, l’écoutaient, le regardaient et l’aimaient.
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